Le BRF est aujourd’hui un indispensable du jardin au naturel et en permaculture. Ce broyat de bois régénère le sol et facilite l’entretien du jardin.
Le BRF est aujourd’hui un indispensable du jardin au naturel et en permaculture. Ce broyat de bois régénère le sol et facilite grandement l’entretien du jardin. Je le teste depuis 3 ans et je suis vraiment heureuse des résultats sur les rendements et sur l’entretien des parterres et des massifs fleuris. |
1 – Le BRF , qu’est-ce que c’est ?
2 – A quoi sert le BRF ?
3 – Avantages et Inconvénients de l’utilisation du BRF au jardin
- Comment se procurer du Brf
- La faim d’azote
4 – Comment utiliser le BRF au jardin
- Au potager
- Sous tunnel
- Au jardin d’ornement
- Au compost
5 – Bibliographie
1 – Qu’est ce que le BRF
Les BRF, Bois raméaux fragmentés, sont le résultat du broyage de petites branches vertes d’un diamètre inférieur à 7 cm. Les branches sont issues de feuillus mais il est possible d’utiliser aussi des conifères ou résineux à hauteur de 20%.
On applique ce broyat sur le sol en le mélangeant ou pas à la terre de surface.
Les BRFs ne sont ni un compost (même si on peut pré-composter le Brf) ni un paillis qui est sec.
En anglais : RCW = Ramial Chipped Wood
En allemand: Fragmentiertes Zweigholz
L’utilisation des BRFs est apparue dans les années 70 au Québec. Depuis une dizaine d’année, son utilisation se répand dans les communes françaises qui y voient tous les avantages apportés aux massifs municipaux mais aussi afin de désengorger les déchèteries.
Les BRFs ne sont pas des composts puisqu’on les utilise en général frais, le plus rapidement possible après broyage, avant que le processus de compostage par la chaleur dégagée par la fermentation ne soit enclenché et ne détruise le travail des champignons.
Les BRFs sont appréciés des permaculteurs car ils développent la bio-diversité et permettent une utilisation concrète de matériaux autrefois considérés comme des déchets.
Pourquoi utiliser uniquement les petits rameaux ?
On utilise les petites branches jusqu’à 7cm de diamètre car c’est là que ce concentre toute la richesse nutritive de l’arbre, dans les bourgeons.
Comment agit le BRF?
Le compost est en partie déjà minéralisé quand on l’applique sur le sol. Les plantes peuvent en profiter rapidement comme un engrais.
Les BRF, par contre, vont stimuler le processus d’humification.
Définition Wikipédia de l’humus :
« L’humus est la couche supérieure du sol créée, entretenue et modifiée par la décomposition de la matière organique, principalement par l’action combinée des animaux, des bactéries et des champignons du sol. L’humus est une matière souple et aérée, qui absorbe et retient bien l’eau, de pH variable selon que la matière organique est liée ou non à des minéraux, d’aspect foncé (brunâtre à noir), à l’odeur caractéristique, variable selon qu’il s’agit d’une des nombreuses formes d’humus forestier, de prairie, ou de sol cultivé »
Ce processus s’accompagne d’un très fort développement des champignons. Ces champignons développent un réseau de mycellium comparable à celui des sols forestiers. Les BRF stimulent la vie de façon plus marqué que le compost.
2 – A quoi sert le BRF ?
On utilise le BRF, notamment en permaculture, pour redonner vie au sol ou améliorer la vie du sol.
Les cellules des arbres, riches en sucres et en protéines, sont protégées par une molécule très résistante, la lignine. Peu d’organismes sont capables de détruire cette lignine. C’est pourquoi un bois fragmenté, broyé, se décomposera plus vite que des branches laissées entières sur le sol.
Le bois ainsi brisé est en libre accès aux champignons qui vont « digérer » la lignine.
Une chaîne alimentaire se met alors en place. Le bois est consommé par les champignons qui sont eux même mangés par les collemboles et les acariens. Ces petites bêtes sont à leur tour dévorées par des petits animaux carnivores (araignées, insectes…). Ces derniers servent de festin à de plus gros animaux comme les crapauds ou les hérissons.
De plus le bois frais est pré-transformé par les cloportes, les vers de terre, les millepattes. Ceci augmente encore l’accès du bois aux champignons.
Toutes ces petites bêtes vont faire des crottes riches en matière organique et en bactéries qui vont terminées la minéralisation de la matière. La matière ainsi transformée est disponible pour les plantes. A la fin du processus de décomposition du bois (qui est plutôt lent), le sol est plus riche en azote et autres composés minéraux nécessaires aux plantes et en humus.
Toute cette nourriture attire de nombreux prédateurs et notamment les auxiliaires du jardin directement opérationnels en cas d’attaque de ravageurs.
Le résultat est un sol modifié grâce à une grande bio-diversité. Les bactéries sont plus présentes pour rendre disponible l’azote, le phosphore et tous les nutriments nécessaires aux plantes. Les vers de terre et le mycélium modifient la structure du sol en le rendant plus aéré et en réduisant les risques d’érosion.
3 – Avantages/Inconvénients de l’utilisation du BRF
Avantages
- Augmentation du taux de matières organiques
- Amélioration de la structure du sol
- Une réserve d’eau : le bois stocke l’eau et la rend peu à peu + le mycélium va chercher l’eau très loin.
- Un pH qui tend vers la neutralité
- Moins de parasites
- Un meilleur contrôle des « mauvaises herbes »
Inconvénients
L’approvisionnement et le broyage :
Pour un particulier ce n’est pas facile de se procurer du BRF.
- On peut investir dans un petit broyeur mais ils sont assez peu efficaces, s’encrassent facilement, sont difficiles à faire redémarrer et les quantités broyées sont faibles. Un broyeur réellement efficace est un lourd investissement.
- Certaines mairies proposent de mettre à disposition la broyeuse municipale. C’est le cas dans ma commune. La broyeuse passe une fois par an dans mon quartier. Il faut simplement planifier ses tailles d’arbustes en fonction du jour de passage de la broyeuse.
- On peut acheter du broyat dans une scierie mais on n’a pas la garantie que ce soit du broyat de petites branches. Le broyat de scierie est plus adapté à une utilisation en paillis
- Les élagueurs cherchent parfois à se débarrasser de leur broyat plutôt que le déposer en déchèterie car ils doivent payer. C’est la solution, à mon avis, la plus rapide et la plus pratique.
La qualité du BRf
Même lorsqu’il s’agit d’élagueurs, on n’a pas de garantie sur le mélange que l’on reçoit. C’est souvent un mélange d’essence et les branches font parfois plus de 7 cm. Toutefois, même si les branches et les troncs sont moins riches en nutriments que les petites branches, le broyat en question reste intéressant.
Le BRF attire une faune indésirable
Les sangliers sont attirés par les champignons et les petites bêtes. Il vaut mieux que le jardin soit clôturé. Par contre, les limaces sont plus difficiles à arrêter mais sont plus friandes de champignons que de salades.
La faim d’azote
C’est LE gros problème du BRF.
Cette immobilisation de l’azote est particulièrement marquée la première année. La faim d’azote ralentit le développement des végétaux. Certains retardent simplement leur croissance de quelques semaines mais d’autres ne poussent simplement pas du tout !
Dès l’application du BRF sur le sol, les champignons se développent et digèrent le sucre et les protéines qui sont les molécules les plus faciles à digérer. Et pour cela, ils ont besoin d’azote qu’ils puisent dans dans les réserves du sol.
Une fois ces composés faciles à digérer disparus, les champignons s’attaquent à la cellulose et la lignine qui renferment l’azote .
Ce phénomène libère peu à peu l’azote et le rend au sol. Lorsque les champignons ont tout digéré, ils meurent et libèrent la totalité de l’azote contenu dans le mycélium.(cf. De l’arbre au sol. Les BRF. Eléa Asselineau et Gilles Domenech)
Si les BRF sont disposés en paillis de surface, le phénomène de faim d’azote est normalement moins marqué.
On peut aussi arroser les cultures avec du purin d’ortie riche en azote, en espérant que les champignons n’absorbent pas tout.
Le mieux, à mon avis, est d’attendre un an avant de cultiver la parcelle (en potager). Cela évite les déceptions. Au bout d’un an, les vers de terre et les petits animaux ont ameubli la terre. Il n’y a rien d’autre à faire que planter ou semer (ni bêche, ni grelinette).
On peut aussi semer des plantes qui fixent l’azote de l’air comme les haricots.
4 – Comment se servir du BRF : mon expérience
J’ai utilisé du BRF de chêne, laurier cerise et cette année, c’est du bouleau. Le laurier a l’air aussi bien que le chêne.
Au potager
J’ai peu de recul sur le BRF au potager
Le BRF a la réputation d’être excellent pour les fraisiers. Et bien, je n’ai rien remarqué à ce sujet. J’ai eu très peu de fraises.
Année 1 : Carton + BRF . le maïs et les courgettes n’ont pas bien poussés. Les courges et les tournesols par contre ont bien poussés.
Les petits fruits :
Année 1 : Carton + BRF en hiver et plantation directement dans la terre (non retournée) en faisant des trous dans le reste de carton. Les cassis et groseilliers se sont très bien comportés. Ils ont fait de très belles pousses dès la plantation sauf un groseillier à maquereaux.
Année 2 : en janvier, 2cm de BRF supplémentaire. Les plants sont superbes. Ils ont bien poussé et la récolte aurait pu être bonne si les oiseaux n’avaient pas tout mangé.
Les framboises aussi aiment le BRF. Nous avons eu des framboises quasiment sans arrêt jusqu’en octobre.Cette année les framboisiers recoivent du BRF pour la troisième fois. Ils n’ont jamais été aussi beau. Mais les pigeons ont trouvé les framboises!
Sous tunnel
Sous tunnel, comme il n’y a pas d’arrosage ou peu, la décomposition du brf est plus lente qu’en extérieur.
- Méthode 1 : Terre non retournée ou retournée en surface + carton + BRF : la décomposition du BRF est très lente car le carton n’a pas été assez arrosé.
Année 1 : Dans ce sol, au printemps , nous avons planter des tomates, des aubergines, des poivrons, des piments. Les tomates se sont particulièrement bien comportées. Pas de maladie. Des fruits jusqu’en octobre. Quasiment pas d’arrosage.
Méthode 2 : Sur terre non retournée + compost + BRF : meilleure décomposition
Année 1 : mais les tomates ont moins bien poussées.
Année 2 : Ajout de compost et semis de coriandre en janvier. Les courgettes n’ont pas poussées. Les tomates sont belles et la récolte commence début juillet.
La coriandre a été magnifique mais je crois qu’elle consomme beaucoup de nutriments.
J’ai mis du carton sur le BRF pour éviter qu’il ne sèche trop vite. Les champignons ont besoin d’eau pour faire leur travail.
Au jardin d’ornement
Le BRF fait des miracles contre les mauvaises herbes et le chien-dent.
Carton +BRF : tue le chiendent et permet un contrôle des ronces qu’il faut toutefois enlever à la main mais c’est tellement facile.
Année 1 : élimination des mauvaises herbes mais je n’ai rien planté
Année 2 : ajout de BRF et plantation. Les plants se sont correctement comportés mais le massif a été envahie par le liseron
Année3 : j’ai encore ajouté une petite couche de BRF car celui de l’an passé était tout décomposé. Les plantations de l’an dernier ont bien prospéré. Pas une seule trace de plantes non désirée ! Entretien du massif…ben, sans entretien en fait (c’est pas vrai, en été, il y a les liserons)
Le BRF est fantastique au jardin d’ornement car, non seulement il nourrit les plantes mais surtout, il rend l’entretien tellement facile. Il n’y a plus aucune mauvaise herbe ou plante adventice. Et le parterre est toujours tout propre et la terre n’est jamais découverte.
Seul inconvénient, les plantes herbacées qui se ressèment d’année en année risque d’être étouffées. Je n’utilise donc pas le BRF dans les massifs de plantes annuelles. Je préfère les feuilles pour recouvrir la terre ou, mieux, la pelouse.
Les bulbes et les grosses touffes de primevères ne souffrent pas de la présence de BRF sur le sol.
Les rosiers ont adorés !
Au compost :
Dernière expérience en date, cette année j’ai mélangé du compost mûr, du compost pas terminé, du BRF frais et du Brf de l’an dernier. J’ai fait le mélange en janvier et j’ai récolté du compost à la bonne odeur d’humus en mai.
Conclusion :
J’aime le BRF car il simplifie grandement le travail du jardin naturel que ce soit au potager ou dans les massifs. Il nourrit, garde les plantations bien propres, élimine le travail de la terre. Les vers de terre et autres petits animaux travaillent pour nous. Si la terre est recouverte en permanence, elle ne se tasse pas, donc pas besoin de la décompacter et encore moins de la retourner.
5 – Bibliographie pour aller plus loin
Comprendre le BRF , une Interview Jacky Dupéty
Une excellente vidéo qui explique clairement et dans le détail les phénomènes de digestion du bois et la symbiose entre plantes, champignons et bactéries.(9 min)
Bois raméal fragmenté BRF explications de Lydia Bourguignon et Bernard Ronot
Un autre point de vue de Lydia bourguignon qui explique que le BRF n’est utilisé que pour restaurer des sols et qu’on ne doit pas en épandre tous les ans. Elle dit aussi de ne pas incorporer le BRF au sol.(6 min)
Les livres
Elea Asselineau et Gilles Domenech
Ce livre est vraiment complet et explique bien les phénomènes de décomposition du bois, ce qu’est la vie du sol et comment mettre en place ces techniques à grande échelle. le livre est toutefois un peu ancien et même si il propose quelques exemples concrets de mise en place de cette technique dans des jardins, une mise à jour avec des expériences plus récentes serait le bien venu. Ceci dit, ce livre de près de 200 pages reste une référence.
Le guide du BRF (Bois Raméal Fragmenté) : Pour des jardins naturels et fertiles
Bernard Mercier
Un livre plus récent (2014) et plus accessible que le précédent avec des exemples concrets d’utilisation.
Pour en savoir plus sur la vie du sol grâce aux insectes, mycorhizes et bactérie et la symbiose plante/bactérie/champignon : comment la vie du sol fait pousser nos plantes?
Bonsoir, votre site est très intéressant, et je vois que je ne suis pas le sezul à avoir des problèmes de liseron.
En fait, j’ai eu un brutal problème avec le liseron suite à une importation de brf composté de la commune, celui-ci s’est très rapidement rempli de liseron. Ma terre étant très sableuse, j’ai aussi rapporté deux remorques de terre de jardin , en fait de terree un peu argileuse, renchérie de bfr composté et même problème, les trois caissons que j’ai fait avec cette terre sont remplis de liseron, je me débats avec du carton, qui le limite, une bâche plastique noire sur le reste de brf et autour avec la tondeuse. Pour les fraisiers, c’est pas top, les fraisiers sont très beaux mais envahis.
J’utilise le brf de mes propres haies qui ne m’avaient jamais posé de problème. J’ai donc l’impression que ce brf peut être un vecteur s’il est pollué au départ. Qu’en pensez-vous?
Mille excuses, je croyais être sur l’article relatif au liseron, en fait j’ai regardé les deux articles.
Les graines de liserons peuvent avoir été apporté par le vent, les oideaux ou bien étaient dormantes dans la terre. Ou bien en effet, le BRF était peut être contaminé. C’est étonnant parce que le BRF, en théorie, crée une soif d’azote mais, c’est vrai qu’ensuite il relâche cet azote. J’aurais pensé que le liseron serait détruit par le processus de compostage.Peut être que votre terre n’avait pas besoin de ce BRf et était déjà chargée en azote et que le trop plein d’azote a réveillé les graines présentes dans la terre. ça fait beaucoup de peut être et ça ne vous aide pas beaucoup.
Moi aussi j’en ai plein les fraisiers que, du coup, j’ai été obligée de déplacer cette année (après 3 ans en place) car trop envahis de liseron.
Je n’apporte plus ni BRF composté, ni engrais azoté au potager, juste des feuilles mortes à l’automne. Et je retourne régulièrement la terre à la fourche pour ramasser le moindre petit morceau de liseron.
C’est pas très permaculture mais je n’ai pas le choix. Pour manger l’azote il faut cultiver des plantes à feuilles: courges, salades…
J’utilise par contre toujours le BRF non composté et si possible séché comme paillis dans les massifs de vivaces et aux pieds des fruitiers.
Pour les fraises, cette année j’ai testé le pot et ça marche super bien: pas de liseron ni mauvaise herbe, pas de filet car les fraisiers sont sur la terrasse, et même les limaces ne les mangent pas car les fraises pendent hors du pot. Bon, je n’en ai pas assez pour faire des confitures mais c’est tout de même appréciable.
Bon courage avec le liseron et bonne journée.
Je suis presqu’en rupture de stock de paillage. Les pelouses ne poussent pas par manque d’eau donc pas de tonte à faire sécher. Et pas de BRF. Je paille en ce moment l’essentiel mais ça se décompose assez rapidement. C’est bien la première année que j’ai pris de vitesse mes fournisseurs en pelouse. D’habitude c’est le contraire. Le coin réservé au séchage de la tonte ne désemplit pas.
pareil ici, c’est très sec et quand on tond les pelouses on récolte surtout des graines
Ce n’est pas le but recherché.
Merci pour la réponse,
en fait le brf une fois composté relâche peut-être l’azote. La pousse de liseron dedans est vraiment forte.
Les courges aussi d’ailleurs poussent bien.
Ailleurs il y a du liseron mais ça n’a rien à voir. A l’avenir je vais me contenter du brf du jardin, avec les chutes de neige et la casse qui a suivi j’en ai d’avance cette année, je ne ferai plus confiance au compostage municipal.
Sinon de mon côté, le brf m’a permis de nettement amélioré le sol qui est très drainant et un peu calcaire, c’est étonnant comme il disparaît dans le sont d’une année sur l’autre.
D’autres choses ont aidé comme la grelinette, le retour des vers de terre, .
Bonne journée, c’est l’heure d’aller faire un tour dans le jardin.
Je n’ai jamais utilisé le BRF ni le compost de la commune. C’est bon à savoir qu’il peut potentiellement être moins propre que le BRF maison. Je n’ai jamais eu de problème avec le BRF frais des élagueurs. Bonne journée au jardin.